Ski et élevage, une complémentarité fragile
En Savoie, le partage des ressources entre ces deux activités économiques est complexe.
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Après la descente des troupeaux, de nombreux alpages vont redevenir le paradis de la glisse. La complémentarité apparente entre élevage et tourisme hivernal ne coule cependant pas de source. Pour être facilement skiables, les terrains sont souvent profondément remodelés puis revégétalisés. Ces opérations peuvent dégrader les alpages : couvert végétal qui peine à redémarrer ou décline après quelques années, flux d’eau modifiés, perte de diversité floristique, risques d’érosion… Signe d’une prise de conscience, 35 domaines skiables de Savoie ont commandé une étude qui a abouti à la publication, cet été, d’un guide pour la réhabilitation des terrains d’alpages. Parmi les clés de succès : la concertation avec les éleveurs et l’utilisation de semences locales.
« Avant, les espèces productives étaient privilégiées pour que la montagne reverdisse au plus vite », témoigne Arnaud Missilier, éleveur au Grand-Bornand (Haute-Savoie), qui voit des progrès sur ce point. « Les domaines ont intérêt à optimiser le pâturage partout car si l’herbe est pâturée ras, 20 à 30 cm de neige suffisent pour ouvrir une piste. »
Dialogue
De plus en plus de domaines mettent en avant leur collaboration avec les éleveurs. « À chaque aménagement, nous interrogeons les alpagistes sur leurs besoins et faisons volontiers de petits travaux chez eux au passage, illustre Didier Mollard, responsable de celui des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie). Et nous avons profité du réseau de canons à neige pour installer plusieurs points d’abreuvement. » D’ailleurs, les stations soulignent souvent que leurs retenues d’eau peuvent abreuver les bêtes lors de sécheresses estivales.
Quant aux retombées du tourisme, les ressentis sont variables. Chez Arnaud Missilier, raclettes et reblochons fermiers se vendent énormément à la ferme de janvier à mars. Chez Caroline Anthonioz, aux Gets (Haute-Savoie), « les gens viennent visiter la ferme comme un zoo s’il ne fait pas beau pour skier et repartent souvent sans fromage ». Alors elle ne recevra plus que des groupes organisés. L’orientation des stations vers un « tourisme quatre saisons » ne l’enthousiasme pas : « Avant, le ski était prioritaire en hiver, mais l’alpage était rendu à l’élevage en été. Maintenant, il est sillonné de pistes de VTT. »
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